"Le bruit est un risque invisible" avec Justine Monnereau du CidB
Show notes
Les autres épisodes cités dans cet épisode: L'interview de Héléna de Safehear: https://youtu.be/Y7NcrAp2yE8?si=VYsKQTKqmoXlFLs7 L'interview de Sandra Huret, psychothérapeute: https://youtu.be/VKBnsNLQCpI?si=r3ziHxOX7MyJPQFF
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Takeaways
La pollution sonore manque de visibilité et d'investissement. Le CIDB a été créé pour informer et sensibiliser sur le bruit. Les communes ont un rôle clé dans la gestion du bruit. Il existe un écosystème complexe autour de la pollution sonore en France. La sensibilisation est essentielle pour lutter contre le bruit. Le bruit est souvent perçu comme une fatalité par les citoyens. Les plaintes de bruit sont souvent sous-représentées. Le bruit peut avoir des effets graves sur la santé. Il y a une méfiance envers les autorités publiques concernant le bruit. La régulation du bruit évolue, mais son impact reste à évaluer. Les troubles auditifs peuvent être causés par une exposition prolongée au bruit. Il est crucial de prévenir les effets du bruit sur la santé dès le plus jeune âge. Les jeunes générations sont particulièrement vulnérables aux nuisances sonores. Des innovations technologiques existent pour lutter contre la pollution sonore. Il n'y a pas de solution unique pour résoudre le problème du bruit. La diversité sonore est essentielle pour notre éveil et notre culture. Il est nécessaire de travailler sur le bruit à la source pour réduire son impact. Les klaxons et autres bruits urbains doivent être régulés pour améliorer la qualité de vie. Le label Quiet valorise les espaces calmes et contribue à la lutte contre le bruit. La collaboration entre le public et le privé est essentielle pour avancer sur ces questions.
Sound Bites
"La pollution sonore est un sujet majeur." "On parle enfin de pollution sonore." "Le bruit concerne tout le monde." "Le bruit est un risque invisible." "On pense que le bruit rend sourd. Pas uniquement." "On peut devenir sourd à 55 ans. Voir bien avant." "Il n'y a pas UNE solution contre le bruit." "Moins de bruit de moteur mais il y a des klaxons dans la ville." "Il faut prévoir des espaces calmes." "Quiet est un label qui est gratuit."
Chapitres 00:00 Introduction 01:01 Évolution de la lutte contre le bruit depuis 1978 02:16 Présentation du CIDB et de son rôle 05:07 Fonctionnement et services du CIDB 09:09 L'écosystème du bruit en France 11:13 Rôle des communes dans la gestion du bruit 14:23 Sensibilisation et contre-pouvoirs dans la lutte contre le bruit 17:29 État de la régulation et son impact futur 19:24 Discussion sur la perception du bruit et la résilience 30:09 Différence entre offre et demande concernant les plaintes de bruit 36:05 Les effets du bruit sur la santé 39:10 Innovations technologiques contre la pollution sonore 43:08 Complexité des sources de bruit et solutions 46:34 L'importance de la diversité sonore 49:46 Régulation et législation du bruit en milieu urbain 53:05 Le label Quiet et la création d'espaces calmes
Show transcript
nonoise AI: Fighting Noise, un non-noise podcast.
Julien: J'ai lancé Nono Noise fin 2024 car la pollution sonore est un sujet majeur qui manque clairement de visibilité et d'investissement, notamment tech. Pourtant il existe déjà des acteurs qui se battent au quotidien pour rendre ce quotidien plus calme, plus agréable, en informant, en formant, en régulant. Pour parler de ce sujet, j'ai le plaisir d'accueillir dans Fighting Noise aujourd'hui Justine Monnereau du Centre d'Information sur le bruit. Merci Justine, bonjour. Le Centre d'Information sur le bruit, le CIDB, est écrit en 1978. C'est quoi l'évolution que tu vois du bruit depuis 47 ans, même si j'imagine que ça n'est pas 47 ans que tu es dans le CIDB.
Justine MONNEREAU: Bonjour. Non, ça fait pas 47 ans que je travaille au CIDB, mais en tout cas, la lutte contre le bruit ou la gestion de la pollution sonore a beaucoup évolué depuis cette date de 1978. Ce n'est tellement les sources de bruit qui ont changé, même s'il a eu une évolution de la société, mais c'est surtout la prise en compte du bruit dans les politiques publiques. On parlait avant de nuisances sonores, de... de gènes, du côté peu subjectif du bruit. Et en fait, depuis quelques années seulement, on parle enfin de pollution sonore, donc d'une pollution objectivée comme celle de la pollution de l'air.
Julien: Alors, on rentre dans le vif du sujet. Peut-être pour nos auditeurs, commençons par te présenter. Qui es-tu, Justine ?
Justine MONNEREAU: Je suis Justine Monnereau je travaille au centre d'information sur le bruit depuis cinq ans. Je suis responsable de la communication et des ressources sur le bruit. Au CIDB, est avant tout une sorte d'agence de communication d'utilité publique en faveur de la qualité de l'environnement sonore.
Julien: une agence de communication qui est une association. Donc le CIDB je disais est écrit en 1978 est ce que tu peux nous en dire un peu plus ?
Justine MONNEREAU: C'est une association loi 1901 qui a été créée en 1978 par des institutions publiques et puis aussi par des acteurs privés comme Saint-Gobain à l'époque, le fabricant de matériaux du bâtiment. Et puis ensuite, on a été déclaré d'utilité publique en 2007, ce qui nous donne une légitimité d'intérêt général pour agir en faveur de la qualité de l'environnement sonore. Et c'est une association qui est une association d'information. d'information, de communication, de documentation. Donc on est là en fait pour informer, pour sensibiliser, pour prévenir et non pour défendre. C'est vraiment notre statut et on est à ce jour la seule association nationale comme ça, en France, voire dans le monde. On a peut-être des homologues un peu ailleurs, mais en tout cas c'est vraiment une une entité très particulière avec un statut unique.
Julien: Et toi-même tu as, je crois, une formation de juriste, mais tu dis que ce n'est pas une association de défense. Pourquoi le lien entre ton métier de juriste et ce métier d'information ?
Justine MONNEREAU: Oui. Non. Alors oui, je fais aussi de l'information juridique parce que j'ai un statut de juriste, une formation de juriste, mais je ne vais pas faire du conseil ni accompagner les personnes qui se plaignent du bruit, qui sont confrontées à un problème de bruit, en justice. Moi, mon rôle, c'est de ne pas arriver en justice puisqu'on sait que les procès sont longs, sont coûteux, parfois durent 10 ans, alors qu'il aurait fallu d'une bonne... entre les voisins ou de conventions techniques pour que le problème soit résolu. Donc en fait je fais de l'information, j'informe les gens des droits qu'ils ont, des démarches qu'ils peuvent suivre, des personnes à contacter et ça peut régler bien des problèmes avant tout recours pénible en justice. Voilà donc c'est de l'information juridique en fait, j'explique aux gens comment ça fonctionne.
Julien: Tu parles à la première personne, le CIDB ça représente combien de personnes et aujourd'hui quel est le service comme accédé au CIDB pour des personnes qui se plaignent du bruit ?
Justine MONNEREAU: Oui, nous on est 8 au CIDB. Ce qui est intéressant, c'est qu'on a tous un profil différent, une formation différente. Moi, je suis juriste, si on a une question sur le juridique un peu poussé, on peut me la poser. Mais tous mes collègues sont formés au juridique aussi. J'ai un collègue qui est spécialiste des matériaux, de la technique. J'ai un collègue qui est psychologue de l'environnement. Il y a deux psychologues de l'environnement. Voilà, on a tous un petit peu des profils différents, mais on est tous capables de répondre, on a tous l'expertise pour répondre aux gens sur les questions à la fois juridiques, techniques, scientifiques, psychologiques, sociologiques, tout ça. Et toute personne, que ce soit un particulier, un professionnel ou une collectivité, peut nous poser une question sur le bruit, ou peut nous donner, peut nous faire part d'une remarque, d'une suggestion, et nous, on est là pour. avant tout écouter et ensuite donner des informations. en fait tout le peut nous joindre chaque matin par téléphone ou par mail et on y répondra avec plaisir. C'est vraiment notre rôle, c'est l'écoute et les réponses.
Julien: Et ça représente combien de questions ou de dossiers par an, par mois ? C'est quoi la volumétrie aujourd'hui des personnes ? Parce que finalement, a quelque chose un peu confidentiel dans le centre d'information sur le bruit. C'est quelque chose que j'ai découvert en travaillant sur Noize. Et quelles sont les volumétries ?
Justine MONNEREAU: Alors, je crois que c'est à peu près un millier de plaintes qui nous sont envoyées par an et qu'on traite, c'est-à-dire les réponses qu'on donne pour les particuliers. Mais je ne plus certaine. On sort notre rapport d'activité dans quelques jours, donc je n'ai plus les chiffres, mais c'est en tout cas une dizaine d'appels par jour tous les matins. Et après, on reçoit un certain nombre de mails. Après, on va pas forcément suivre les dossiers. jusqu'au bout parce qu'en fait nous on est là pour faire le premier point d'entrée mais en tout cas on a ça et puis on a plusieurs dizaines de rendez-vous que l'on donne à des particuliers et nos bénévoles acousticiens parce qu'on a aussi cette capacité c'est de mettre en relation des gens avec des acousticiens pour des projets de rénovation acoustique d'aménagement de de travaux dans leur appartement. en fait, y a aussi des rendez-vous en présentiel qui sont possibles. Donc en fait, on est fortement sollicité. On l'a été beaucoup moins pendant la période de Covid, mais aujourd'hui, ça revient en force. est extrêmement sollicité. On essaye de répondre à tout monde dans les
Julien: aux entreprises également ou juste particuliers.
Justine MONNEREAU: Les entreprises aussi peuvent nous poser des questions, ou en tout cas on les met en relation avec des personnes compétentes, c'est-à-dire qu'en plus comme on tient un annuaire des acteurs de l'environnement sonore, ça nous permet d'avoir toutes les adresses, tous les contacts. Et donc si une entreprise cherche une agence de l'environnement ou un bureau d'études avec lequel travailler, on a les contacts, ça on est capable de le faire. Notre utilité publique, c'est vraiment répondre aux particuliers.
Julien: Mmh.
Justine MONNEREAU: Et à côté de ça, on répond très bien aux professionnels surtout quand on des partenaires avec qui on travaille et avec qui on tisse un réseau et avec qui on organise des colocs, des webinaires, des rencontres de professionnels quoi. On a vraiment ces deux casquettes, enfin ces trois casquettes avec les collectivités.
Julien: J'aimerais reparler un peu de cet écosystème du bruit. Le CIDB est un acteur majeur. Il également le Conseil national du bruit. En Île-de-France, il y a Brouilleparif. Est-ce que tu peux réordonner un petit peu cet écosystème du bruit et de la pollution sonore pour nos auditeurs et auditrices, pour bien comprendre à qui c'est intéressé et comprendre qui se bat finalement pour cette cause en France ?
Justine MONNEREAU: Oui, alors nous notre portée au CIDD, elle est nationale. C'est-à-dire que nous, va être le centre d'information national. Donc, on répond à tout monde, on se déplace partout et voilà, c'est vraiment une portée sur tout le territoire français. Et même international parce que parfois on travaille avec les pays limitrophes ou francophones. Ensuite, sur le territoire, il y a des observatoires régionaux comme Brouilleparif. Brouilleparif est l'observatoire régional de l'île de France. à coups cités, l'observatoire régional plutôt du sud de la France. sont basés à Lyon, ils font la région Rhône-Alpes et aussi un petit peu le sud. Il y a des observatoires comme ça un petit peu partout en France, ce qui eux leur permet de faire par exemple des mesures, des mesures sonométriques, ce que nous on ne pas du tout. Nous en fait, on chapeaute un petit peu tout ce qui se passe et on organise des rencontres entre tous les territoires possibles et inimaginables. Mais au niveau régional, c'est plutôt les observatoires à qui il faut s'adresser. Mais tout ça c'est des gens qui sont là pour aider les autres gens. On n'est pas du tout des autorités administratives. L'organisation administrative de la gestion du bruit, peut s'avérer complexe mais si on a un doute, si on ne pas à qui s'adresser, il ne pas hésiter à contacter le CIDB et nous on vous explique. Simplement... Le garant de la tranquillité publique sur un territoire, c'est le maire. Donc il faut toujours essayer de s'adresser à la commune quand on a un problème avec le bruit. Et après, il y a des subtilités. À Paris, ils se répartissent des compétences avec la préfecture de police. Parfois, la préfecture va jouer un rôle. Ça, peut s'avérer complexe, mais nous, est capable de l'expliquer et c'est quasiment le même système, principe de fonctionnement dans chaque région, dans chaque département. Voilà. C'est vrai qu'il y a beaucoup d'autorités administratives différentes, compétentes, selon la source de bruit, etc. Mais une fois qu'on a les bons contacts, ensuite tout va plus vite et il ne pas hésiter à demander.
Julien: Vous formez les communes à mieux gérer ces problèmes de bruit au CIDB. Est-ce que les communes, au-delà de vos formations, ont les outils pour mesurer, pour cartographier, pour agir contre le bruit
Justine MONNEREAU: Alors oui et non, ça dépend des communes. fait, effectivement, le maire est garant de la tranquillité publique et il dispose de pouvoirs de police pour agir. Donc il est dans l'obligation de le faire, de garantir à ses administrés la tranquillité. Mais on s'est rendu compte qu'en fait, le maire était de plus en plus seul face au bruit et n'avait pas toujours les moyens de faire des constats avec un sonomètre parce qu'un sonomètre, cher et puis après il faut l'étalonner, il faut le faire vérifier pour qu'il soit en bon état de fonctionnement. Donc généralement les plus grosses communes, celles qui disposent d'un service dédié, ont les moyens de faire les mesures. Les plus petites communes, parfois non. Et puis ça dépend des choix politiques qui sont faits et de là où on met l'argent. On s'est rendu compte en plus que les ARS, les agences régionales de santé, comme elles sont autonomes, Elles décident de leur mission, de leur champ d'action. Et peu à peu, elles se sont désolidarisées des questions du bruit. Avant, aidaient certaines d'entre elles, aidaient beaucoup les communes, notamment en faisant des mesures à la place des communes. Enfin, elles avaient un mandat pour le faire. Mais petit à petit, les ARS ont dit aux maires, débrouillez-vous. En gros, nous, va agir sur d'autres sujets. Il y a... les pandémies, la légionnelle, y a d'autres sujets sanitaires. c'est à vous d'agir et c'est à vous d'acheter un sonomètre, etc. Donc en fait, on réfléchit depuis les dernières assises de l'environnement sonore qu'on eut en 2022, comment accompagner le maire, comment l'aider déjà à comprendre la réglementation et puis à faire des constats à l'oreille, à suivre les dossiers, à prendre des sanctions, à faire des actions de médiation. Donc... Pour faire des constats sonométriques, il a une idée, c'est de se rapprocher de son intercommunalité. Pourquoi les maires, ne se réuniraient pas en agglomération, en communauté d'agglomération et ne partageraient pas un sonomètre pour plusieurs communes ? Tout ça, c'est des idées. Et ça, nous, on les donne beaucoup aux maires comme idées et puis à travers aussi le Conseil national du bruit. Et puis nous, le CIDB nous-mêmes, on mène des actions de formation. qui sont payantes pour les communes, mais en gros ça leur permet d'être formés, d'avoir la sermentation pour faire toutes les mesures, etc. Et on a une formation au constat des bruits de voisinage, une formation à la médiation, une formation à l'acoustique du bâtiment pour avoir les notions principales et une formation à la gestion des lieux diffusant des soins amplifiés. voilà, il y a beaucoup de maires qui nous sollicitent pour être formés par nos soins chaque année.
Julien: J'entends tous les efforts qui sont faits. La question qui me vient, c'est est-ce qu'il y a des contre-pouvoirs, des lobbies qui n'ont pas d'intérêt à ce que l'on régule le bruit et la pollution sonore des lobbies identifiés. Ce pas forcément une réponse facile à donner, mais je prouve que c'est intéressant pour comprendre aussi en tant que particulier de l'entreprise, on travaille sur ce sujet, on se rend compte qu'il une forme de résilience, OK, donc il y a de la formation à faire, mais... il y a-t-il des personnes qui travaillent contre le CIDB, contre le conseil national du bruit, parce qu'ils n'ont aucun intérêt que ça passe.
Justine MONNEREAU: En fait, pas vraiment, mais c'est juste que nous, doit aussi sensibiliser les bruiteurs, les fauteurs de bruit au fait que lutter contre le bruit, ne veut pas dire lutter contre l'activité économique, contre l'activité culturelle, contre l'activité sociale, musicale, etc. Donc en fait, les grands acteurs l'ont très bien compris et eux aussi font de la sensibilisation, c'est-à-dire que une association comme Agissons qui s'occupe des lieux diffusant des sons amplifiés, travaille beaucoup aussi avec les exploitants de lieux musicaux, les exploitants de salles de concert, de festivals, pour les sensibiliser au fait qu'on peut protéger le public et les riverains tout en organisant des lieux, des événements culturels et festifs. Donc les gens... chapeaux de tout ça, sont très conscients et essayent de sensibiliser les exploitants qui sont sur le terrain. Donc personne n'essaye de combattre la lutte contre le bruit mais tout monde essaye de maintenir son activité. Par contre, a bien vu avec les progrès technologiques que c'était facile de concilier activité économique, attractivité du territoire et tranquillité. Il y a plein de choses qui existent, il faut les faire connaître.
Julien: On va en parler du label Quiet dans une seconde. Avant ça, une question sur la régulation. Est-ce que la régulation évolue dans le bon sens avec le temps ? Je prends un sujet qui revient très régulièrement quand on parle de la pollution sonore. C'est le bruit des motos, le bruit de la mobilité, c'est le bruit principal, mais notamment le bruit des motos et des radars acoustiques qui permettent de détecter un volume sonore. important qui dépasse un certain nombre de décibels. Est-ce que la régulation va aller dans un sens qui va permettre aussi d'augmenter l'investissement ? Parce que c'est souvent la régulation qui fait avancer l'investissement. Si on voit que ça va être réglé, a un potentiel d'investissement à terme. Est-ce que cette régulation va vraiment aider la cause de la lutte contre la pollution sonore dans les 5 à 10 ans à venir ?
Justine MONNEREAU: Pour l'instant, y a plein d'actions menées aujourd'hui qui sont vraiment en phase d'expérimentation ou alors qui en sont à leur début. Donc pour l'instant, on n'arrive pas à quantifier l'impact que ça va avoir sur la pollution sonore. La pollution sonore, c'est 147 milliards d'euros, le coût social du bruit, en francs et par an. Donc c'est énorme. C'est comme quasi... comme la pollution de l'air. Aujourd'hui, on a quantifié ça. Maintenant, on verra, je pense, dans plusieurs années, ces actions-là ont permis de réduire ce coût social. Les radars, ils sont encore expérimentés. Ils arrivent en ce moment à sanctionner. Ça ne fonctionnera que quand ça sera en phase de sanction. Donc on ne pas le dire encore. Le but, c'est quand même d'accompagner toutes ces actions par des actions de sensibilisation. Et je pense que c'est ça qui va marcher. Sensibiliser, informer le public. C'est-à-dire qu'on ne pas mettre un radar tout seul et puis pas expliquer aux gens ce qui se passe. Le but du jeu, c'est vraiment de dire aux gens, voilà, quand vous avez un mauvais comportement sur la route, oui, vous pouvez être sanctionné par le radar et prendre une amende, mais vous pouvez aussi... Ça peut permettre de réaliser que vous êtes. hauteur d'un bruit qui, vous, pourrait vous gêner si vous êtes piéton, si vous habitez à proximité d'une route, si votre bébé essaye de dormir dans votre appartement et qu'il a une moto qui pétara d'en bas. C'est faire prendre conscience aux gens qui sont aussi acteurs, acteurs et victimes du bruit. Et généralement, avec des bonnes actions de communication, ça peut fonctionner. Généralement, les gens ne se rendent pas compte des nuisances qui créent vis-à-vis de leurs voisins. C'est du vivre ensemble, en fait.
Julien: On se rend compte du bruit qui nous gêne, mais pas du bruit qui gêne les autres. La sensibilisation et l'information au cœur de la stratégie de changement et de l'action du CIDB, c'était hyper intéressant. Je te propose de stopper cette session de questions-réponses et pour passer sur le format de la discussion. Merci Justine.
Justine MONNEREAU: Merci.
Julien: Justine, merci de ces questions-réponses. Passons un peu à la partie discussion. Déjà, bravo. Je trouve ça hyper intéressant. tu avais 5 ans que tu fais partie du CIDB. Ça fait 47 ans que ça existe maintenant. Je trouve qu'il y a peu d'acteurs. Tu disais que c'est quand même un enjeu beaucoup de sensibilisation, d'information.
Justine MONNEREAU: ...
Julien: Quand j'entends les chiffres, vous recevez 1000, 2000, en fonction de la façon dont on analyse ces chiffres, appel par ou demande par an. Mais le bruit, concerne tout le monde. Et quand je parle de bruit autour de moi, tout le monde me dit, oui, en effet, la moto me gêne, le chantier de construction me gêne, l'usine à côté me gêne, etc. Théoriquement, tout le monde pourrait appeler une fois dans l'année en disant, j'ai un problème de bruit. Comment tu vois cette différence entre l'offre et la demande, l'offre est plus importante que la demande alors que la demande devrait être massive ?
Justine MONNEREAU: Déjà parce que je pense qu'il a des gens qui saisissent les bons contacts tout de suite, qui s'adressent un peu plus facilement à la police ou à la mairie pour régler leurs problèmes, ou qui arrivent à régler leurs problèmes avec leurs voisins. Mais c'est sûr qu'il faut encore qu'on se fasse connaître. Parce que si on existe, c'est pas pour rien. C'est sûr que moi, quand je me balade quelque part ou que je rencontre une nouvelle personne et que je parle de mon métier, la personne a un problème de bruit. Tout le a un problème de bruit. Les citadins comme les ruraux, il y a plein de cas différents. C'est étrange, surtout par exemple lors de notre permanence, on se rend compte qu'il a des gens qui souffrent du bruit depuis 10 ans et qui n'ont jamais rien dit.
Julien: Tout le a pris un bruit.
Justine MONNEREAU: Il faudrait demander à mes collègues psychologues de l'environnement, ça doit s'expliquer sans doute par le côté un peu subjectif. On n'est pas tous égaux face aux bruits aussi, c'est une question d'inégalité aussi. Plus on est pauvre, plus on subit les nuisances sonores, ça c'est sûr. Donc, est-ce qu'on ose moins se plaindre ? Je ne pas et puis...
Julien: Parce qu'il a d'autres problèmes aussi. je trouve qu'il une forme de résilience. pas si tu le reçois aussi, une forme de résilience dans le bruit, c'est que oui, il a du bruit, mais qu'est-ce qu'on peut faire dans le bruit ? Quand j'ai parlé de nonozes, même à mes voisins, et on a la même vie techniquement en termes d'acoustique, une vie acoustique très proche, c'est oui, mais on ne peut rien faire contre ça, ne peut rien faire contre le bruit du marteau piqueur dans la rue, contre le... Et là où je me dis cette résilience, pourquoi en fait ? Alors les populations à faible revenu peuvent avoir d'autres problèmes dans la vie que le bruit en effet. Il faut se nourrir, se loger, se chauffer, etc. Et finalement, pour cette résilience, tu la ressens aussi ?
Justine MONNEREAU: Oui, oui, bien sûr. C'est régulièrement qu'on nous dit qu'il n'y a rien à faire et puis de toute façon, on ne nous écoute pas. Il y a une méfiance vis-à-vis des autorités publiques aussi parce que si quelqu'un a appelé une fois la police et que la police n'a pas dressé de PV, c'est tout de suite vécu comme un échec alors qu'il y a d'autres choses. J'imagine aussi que le bruit s'est vécu... On nous a quand même beaucoup dit que plus c'est sonore, plus il a de la vie. Donc de la vie économique, peut-être une ville en bonne santé, c'est une ville bruyante, tout ça. Donc les gens s'imaginent que c'est normal de subir des nuisances parce que ça veut dire que le pays marche bien aussi. Enfin ça, date... Enfin, c'était comme ça avant. C'est sûr que c'est vécu aussi par d'autres cultures comme ça, c'est-à-dire plus... plus il a du bruit, mieux c'est, parce que ça veut dire que ça vit. Et on l'a vu quand il y a eu la crise sanitaire et les périodes de confinement, il y a des gens que ça a angoissé le silence, parce que c'était peut-être synonyme de badie ou de mort, ou en tout cas de baisse d'activité humaine. Donc il y a eu aussi certaine... Il faut vivre avec. Mais... Et puis c'est des choses qui sont mal connues, mais bon, il y a plusieurs années, on parlait très très peu de la pollution de l'air, on en parlait comme... On ne savait même pas que ça existait, puis après on en a parlé comme d'une fatalité, et puis maintenant on s'empare de sujets, les gens sont beaucoup plus sensibilisés. Donc ça a un côté avec le bruit.
Julien: Totalement. C'est la comparaison que je fais très souvent, en disant que le CO2 a été un sujet qui n'a pas été touché, qui a été vu comme un mal sans convoitre sur quoi que ce soit. Aujourd'hui, c'est 500 milliards d'investissements dans le monde contre le CO2 lié aux changements climatiques. Après, que j'entends aussi de temps en temps, c'est, oui, mais le CO2, la pollution d'air, les changements climatiques, concerne tout le monde. ça me concerne moi, ça concerne mes enfants, quel que soit, ça concerne tout le monde. Et donc, j'entends des investisseurs me dire, j'ai envie d'investir parce que ça concerne mon entourage également, alors que le bruit, ça ne concerne que les hypersensibles. Et c'est vrai qu'hier, je préparais un épisode qui va sortir sur la neurodiversité, la neurodivergence et les personnes qui souffrent de ADHD, qui souffrent d'autisme et autres qui sont particulièrement sensibles au bruit. malgré tout, ça concerne tout le monde. les effets du bruit, l'augmentation du stress, de la pression artérielle, les maladies liées au bruit, c'est comme la deuxième cause de morbidité dans le monde après le CO2, la cause environnementale. J'ai l'impression que ce n'est pas su. Les gens n'ont pas conscience qu'on parle d'un problème de santé et pas simplement d'une légère nuisance.
Justine MONNEREAU: Oui, que le bruit, c'est un risque invisible. Pour l'instant, les gens ne savent pas qu'on peut en mourir. C'est normal, c'est assez complexe à comprendre que ça peut provoquer des maladies cardiovasculaires, des AVC, tout ça. C'est difficile à appréhender, même moi, avant de travailler au centre d'information sur le bruit. Je ne savais pas. On pense que le bruit rend sourd. Et puis quand on est sourd, si tout le est sourd, de toute façon, ça causera pas vraiment de soucis. Oui, c'est vrai qu'on entend ça aussi, si tout le est sourd, tout le est sourd, et puis c'est tout. On ne pas aux autres effets auditifs, acouphènes, à l'hypersensibilité, parce qu'on peut devenir hypersensible, ça s'appelle l'hyperacousie et c'est hyper fréquent. C'est-à-dire qu'on devient hypersensible du gérol en main et ce pas forcément... que les gens avec des troubles autistiques qui peuvent connaître ça. Donc vraiment, c'est pour ça qu'on existe. Et puis aussi, il y a un effet à retardement. Il y a des effets immédiats du bruit sur notre santé. peut devenir sourd temporairement du jour au lendemain, ça arrive. Mais aussi, on a un cumul de la dose de bruit qui arrive et qui fait que, à 55 ans, on peut devenir sourd parce qu'on a... subit le bruit dans notre vie. Et ça c'est dommage. Le du jeu c'est de se prévenir pour guérir notre vie après 40 ans. Parce que c'est un peu comme l'amiante. Il y a des gens qui ont pris des doses d'amiante toute leur vie et ils ont un cancer à 45 ans, à 50 ans. Et avant ils avaient pris de l'amiante tout allait bien mais en fait c'est pareil, la dose de bruit on l'accumule en fait.
Julien: Oui, ce n'est pas l'amiante de 2020 ou de 2010 qui était plus toxique, c'est aussi cette accumulation du bruit. J'en discutais avec une psychothérapeute spécialisée sur le sujet. Un épisode à écouter d'ailleurs sur Fighting Noise, Sandra Urey qui expliquait que les jeunes générations, les jeunes sont de plus en plus touchés par le bruit et ont de plus en plus de problèmes d'audition. L'OMS, l'Organisation Mondiale de la Santé vient de... pour la journée mondiale du bruit qui avait lieu le 3 mars. Notamment communiquer normalement sur le fait que écouter de la musique forte ou jouer à des jeux vidéo trop fort etc. touche à l'ouïe. Donc moi je suis toujours un peu entre deux sur ce sujet parce que c'est des personnes qui peuvent individuellement changer ça. Mais c'est vrai que de plus en plus de monde est touché de plus en plus sévèrement par le bruit. Maintenant est-ce que tu vois une évolution ? Ce qui m'intéresse avec NoNoise c'est de pousser des investissements sur la technologie pour lutter contre l'émission de bruit et améliorer aussi les conditions de confort quand il y a un bruit qu'on ne peut pas éviter. qu'on ne mettra pas un niveau sonore à zéro, en effet c'est inimaginable. est-ce que tu penses que les technologies avancent dans le bon sens, est-ce que tu vois des choses émerger, des solutions dont tu aimerais parler qui ont permis d'améliorer les choses ?
Justine MONNEREAU: C'est Oui, y a plein de choses. d'ailleurs, nous, organise pour le compte du CNB une cérémonie qui s'appelle les décibels d'or et qui récompense tous les trois ans les innovations technologiques, mais aussi la recherche sur la lutte contre la pollution sonore. Il y a des choses incroyables qui existent. On a des universités qui sont précurseurs en France sur les sujets de l'acoustique. et des solutions qui sont trouvées. Le Mans, Université, Université Gustave Eiffel, tout ça, c'est des pôles d'excellence sur les sujets comme ça. Qu'est-ce que je pourrais voir là ? fait, il y a plein de choses, selon les sources de bruit, y a plein de choses qui existent. Il y a une société Greenov qui a créé des sortes de rideaux acoustiques, mais c'est plus qu'un rideau acoustique pour... limiter l'impact du bruit des chantiers maritimes sur la biodiversité marine, qui impacte un petit peu les fourreurs. Et ça, c'est beaucoup parce que c'est des installations de forage pour les éoliennes en mer, donc ça explose aujourd'hui. Du coup, il crée des systèmes de protection qui vont limiter les vibrations et l'émission de basse fréquence pour la biodiversité, mais aussi pour le rivage. Donc ça, c'est en fait sur toutes les sources de bruit et sur tous les impacts possibles, il a des gens qui travaillent. Qu'est-ce que je pourrais dire d'autres ? Des matériaux de construction très innovants, en plus qui deviennent de plus en plus économies circulaires avec du réemploi, tout ça. Des murs anti-bruits toujours plus performants pour le bruit routier. Beaucoup de choses. là je sèche un peu tellement il y a tellement d'innovations qui sortent.
Julien: Écoutez pour les auditeurs et auditrices qui écoutaient ce podcast, écoutez les autres épisodes, j'en ai établi quelques fondateurs. Il y a quelques semaines, la fondatrice de Safe Fear qui par exemple, qui propose une solution qui permet aux cols bleus dans l'industrie de communiquer entre eux dans un environnement bruyant et donc de ne plus enlever leur protection individuelle. a comme ça pas mal de solutions et je vais continuer à établir le maximum de fondateurs sur le sujet. Mais la technologie aide à faire ça. tu disais, il y a une vraie diversité de la pollution sonore du bruit, des sources de bruit. j'ai tendance à synthétiser en disant, y a des problèmes de mobilité, des problèmes au niveau industriel, des problèmes au niveau du BDP, de la construction, des problèmes sur la vie sociale. Et de prendre ces quatre grandes verticales. Dans la vie sociale, rajoute la partie bureau, vie de bureau notamment, mais aussi autour de... d'un résidence, il y a plein de sujets un peu connexes ou qui s'entrecroisent entre ça. Il n'y a pas longtemps, on m'a parlé, je pense qu'on fera un épisode dessus des bruits techniques, par exemple qui peuvent toucher des personnes qui en call center vont se prendre des bruits techniques et générer des aquifens, voir des pertes auditives liées à ces bruits-là. Et quand on est toute la journée au téléphone, le le risque élevé 2, en plus il est incontrôlable. Donc il y a énormément de sources de bruit. Et ça, amène quand même une une vraie complexité je trouve et je ce que t'en penses sur trouver des solutions quand le bruit c'est un sujet chapeau pour beaucoup de sources différentes. me dit souvent « no noise » tu veux solutionner la pollution sonore c'est quoi ta solution ? Il n'y a pas une solution. On va aider à financer les dizaines et centaines de solutions pour les centaines de sources.
Justine MONNEREAU: Oui, sûr. Oui, oui, c'est sûr. Il a pas une solution, ça, c'est sûr. On ne pas tous vivre avec un casque anti-bruit en permanence dans la vie. Ce pas possible. On a besoin de nos oreilles pour communiquer. Oui. En fait, on a besoin de nos oreilles pour communiquer, pour profiter de la vie. Puis même dans plein de situations, on ne peut pas se doter d'un casque anti-bruit en permanence.
Julien: que certains m'ont dit, des jeunes m'ont dit ça. ...
Justine MONNEREAU: Et puis il a les vibrations aussi qu'on peut ressentir. Le but du jeu, c'est pas de vivre dans sa bulle entièrement et de vivre avec un casque anti-bruit. Ça c'est sûr. Même si c'est une solution pour plein de choses. Le casque à réduction de sonnes de bruit, tout ça, a une récente étude. Pourtant, par exemple, le casque à réduction de bruit qui est utilisé par plein de gens qui ont détourné. le casque à réduction de bruit pour plein d'usages, être dans les transports. Mais ça a ses inconvénients aussi. On se demande si ça n'a pas un impact sur le cerveau. Parce que le cerveau doit rester alerte et grâce à l'oreille, il reste alerte. Nos oreilles sont là pour repérer les dangers. Et ça pourrait un peu ralentir le fonctionnement neurologique d'être un peu coupé du bruit. Parce que ça nous coupe aussi du saut. et des sons dont on a besoin.
Julien: Et des sons dont on a besoin. Les casques ANC travaillent sur l'analyse de... Alors l'intelligence artificielle permet de rendre ça de plus en plus fin mais travaillent sur des bandes de fréquences particulières, enlever les basses fréquences qui peuvent gêner même si c'est très très difficile et enlèvent des bandes complètes de fréquences. Mais tu as raison, ça peut enlever, on peut enlever certains bruits de la nature dont on a besoin aussi et qui vont éveiller des parties dans le cerveau quand on... Justement, il quelques jours, une étude là-dessus qui montrait les parties du cerveau activées en fonction des typologies de sons, de bruits qu'on pouvait entendre, l'environnement, pareil sur la vue, et c'est comme vivre avec des œillets. Mais j'entends des jeunes qui me disent, en soi, n'est pas un problème parce qu'on a tous, de toute façon, a nos casques à réduction de bruit en permanence sur les oreilles, qu'on garde même pour discuter. donc, en soi, le bruit n'est plus un problème. Ce qui est, je trouve, assez triste. Je n'imagine pas que tout monde vivra en permanence avec ses casques ANC. C'est pas la vie que j'imagine pour moi, pour mes enfants. Donc j'espère que ça restera une petite partie. Mais il a un vrai, vrai, travail comme ça pour comprendre les effets du bruit.
Justine MONNEREAU: Parce que, en c'est sûr qu'en fait, les gens pensent qu'autour de nous, il a le bruit. C'est le bruit ou le son. Mais en fait, il a une diversité des sons qui composent notre environnement sonore qui est absolument fondamental pour notre éveil, pour notre culture, pour nos fonctions neurologiques. C'est la diversité des sons. Et si on camoufle une partie du bruit, on n'a pas ce côté vivifiant de la diversité du paysage sonore. Et en fait, il ne pas travailler que sur la quantité de bruit et pas que sur les décibels, il faut travailler sur le sensoriel, l'éveil au sensoriel de manière qualitative. Et c'est bien de ne tout se couper de tout non plus et pas trop souvent. Mais je comprends les gens, c'est normal, ils trouvent des solutions pour se protéger qui ne pas trop chères maintenant, qui sont accessibles, donc c'est déjà un pas. Et surtout, pense qu'il faut quand même travailler sur le bruit à la source avant de demander aux gens de faire des efforts individuels. Par exemple, n'y a pas d'autre chose qui soit fait pour essayer de contrôler le son d'un festival, exemple, pour éviter que ça... et un impact sur le public et sur les riverains, il y a plein de gens qui travaillent sur le bruit aux enceintes ou à la table de mixage pour trouver des fonctionnements, des directivités de sons qui vont faire qu'effectivement, faut que les gens continuent à porter des bouchons d'oreilles quand ils sont devant la scène, mais en tout cas, si on réduit déjà le bruit à la source, on réduit le niveau sonore qui est diffusé sur les gens en global.
Julien: Oui.
Justine MONNEREAU: Donc en fait, c'est pareil que dans une usine, si on arrive à réduire le bruit d'une machine, on a déjà fait 50 % du travail.
Julien: plutôt qu'il y avait tout le monde de casques. L'exemple de la moto qui réveille 10 000 personnes à 2 heures du matin en passant dans les rues. Soit on met 10 000 bouchons d'oreilles dans les personnes qui dorment chez elles, soit on fait attention de soit réguler le bruit de cette moto ou de faire des moteurs qui soient moins bruyants ou des pots d'échappement qui sont moins bruyants, etc. Donc c'est un vrai sujet. Là où la technologie évolue aussi, c'est qu'on est de plus en plus fin. Je pense beaucoup d'installations urbaines de type piscine, parcs et autres qui ont des messages... Je te laissera réagir mais... Avec des enceintes qu'on entend parfois partout dans la ville. Les stades, c'est un vrai sujet. Et d'entendre les enceintes de stades partout dans la ville, aujourd'hui on est capable d'avoir des enceintes unidirectionnelles. Donc est-ce qu'il faut légiférer ? Est-ce qu'il faut...
Justine MONNEREAU: ...
Julien: parce que finalement c'est peut-être un coût supplémentaire pour les équipements. Est-ce qu'il faut légiférer comment tout ça est classifié, pourquoi ça n'avance pas plus vite alors que la technologie existe
Justine MONNEREAU: Alors sur la sonorisation des rues, a quelques petites choses et puis ça commence même sur les klaxons, l'usage des klaxons dans la ville, tout ça. Il y a une base. Après, peut-être que c'est moins contrôlé effectivement, mais oui, on peut faire mieux. Et puis ce qui est intéressant de faire, c'est de voir comment les autres pays fonctionnent et de voir comment ils fonctionnent avec les enceintes. par exemple, pour les enceintes, je connais moins le sujet, mais par exemple pour les klaxons. Il a différents systèmes de klaxons qui existent. Il suffirait d'en choisir un qui soit plus lumineux que sonore. Quand on habite dans un quartier comme le 17e arrondissement de Paris, on est entouré par les hôpitaux, les commissariats de police, le palais de justice, la prison. Donc en fait, a sans cesse des klaxons dans la ville. Une personne qui est chez elle toute la journée en télétravail, la fenêtre ouverte subit des klaxons toute la journée. Donc en fait, agir sur les comportements, c'est facile, incluant dans les discussions le commissariat de police, tout ça, on peut aussi trouver des alertes sonores qui soient plus compatibles avec la ville. Tout ça, oui, ça représente un coût, mais quand il a une vraie volonté politique, ça marche. Par exemple, pour reprendre les stades, à Madrid, ils ont eu... je crois que c'était après des concerts ou des matchs de foot ou les deux je crois. Il y a eu une mise en demeure, deux parce que le stade était trop bruyant, trois et je crois que c'était à cause... il y avait un cumul entre la diffusion de la musique, des alertes sonores, des enceintes, des messages et du public. Et au troisième coup, Interdiction, ils ont fermé le stade et il y a eu un match important
Julien: Mmh. Oui.
Justine MONNEREAU: de l'équipe de Madrid qui n'a pas pu se faire à cause du bruit. Et ça, quand ça fonctionne et quand on va jusqu'au bout, ça calme le jeu.
Julien: Nekko. Ce qui est intéressant en termes de communication, le coup, parce que ça permet de comprendre, si on entend ça, on se rend compte qu'il a un vrai problème et qu'il faut travailler le sujet de façon un peu plus grande. Il y a des interactions entre le CIDB et d'autres pays européens. Il y a des CIDB dans chaque pays.
Justine MONNEREAU: On pense que oui, voit des... Ce n'est pas le même système parce que forcément les pays n'ont pas le même fonctionnement. Il y a beaucoup de luttes d'associations de défense en Suisse, en Belgique, dans les pays francophones qu'on connaît. Après, centre de documentation comme ça, on pense qu'on est le seul au monde.
Julien: Mmh.
Justine MONNEREAU: C'est-à-dire qu'on a aussi une bibliothèque de 13 000 ouvrages uniquement sur le bruit, en français, en anglais et dans d'autres langues. Ça, on n'en pas trouvé ailleurs, à part certaines universités, mais c'est très universitaire. Et ensuite, on a des homologues qui pourraient se rapprocher de ce qu'on fait. Mais c'est jamais le même fonctionnement, ça ressemble. En tout cas, on a les mêmes missions, a les mêmes envies. Il y a le cercle bruit en Suisse qui fonctionne un peu de la même manière mais qui ne pas avoir forcément les mêmes compétences ou tout cas les mêmes financements. on arrive toujours à trouver un copain dans les autres pays.
Julien: Voilà, mais je pense qu'il a quelque chose à faire par rapport à ça pour créer une dynamique encore plus importante à l'échelle européenne. Ce podcast est diffusé en français, en anglais et en allemand pour justement se faire à l'échelle de l'Europe. Je pense qu'il va falloir aussi réunir un maximum de personnes pour, malheureusement le jeune me revient souvent, faire du bruit autour de la cause de la pollution, de la pollution sonore et du bruit. Peut-être un mot rapide sur le label Quiet que vous avez créé, je pense, l'année dernière, en 2024.
Justine MONNEREAU: Oui, tout à fait. Alors en fait, on ne l'a pas créé, mais on l'anime. En fait, il a été créé par le PNSE 4, donc le Plan National Santé Environnement 4. Il y a déjà l'Europe qui nous demande, l'Union européenne qui demande aux États de créer des espaces calmes, de prévoir des politiques qui sont en cette faveur-là. Après, il a le PNSE 4, donc au niveau du gouvernement qui a...
Julien: D'accord.
Justine MONNEREAU: dit il faut prévoir des espaces calmes en France et les sanctuariser. Ensuite, avec la direction générale de la santé, le ministère de la santé et de l'accès aux soins, on a créé ce label et on le fait un petit peu avec le soutien de la direction générale de la santé et du Conseil national du bruit qui est l'instance politique et qui gère ça au niveau politique.
Julien: Mmh.
Justine MONNEREAU: Et nous, est chargé de le faire vivre, ce label, de lancer en fait. Donc on espère, sans espaces labellisés, c'est un label qui est gratuit et qui valorise les espaces calmes et les moments apaisés, parce que quand on ne pas se défaire du bruit, il faut prévoir des sanctuaires où les gens peuvent trouver du calme. Et donc on labellise ces espaces pour les mettre en valeur, en avant. ça dédouanera jamais une collectivité ou une entreprise de ses obligations de lutter contre la pollution sonore.
Julien: C'est à l'aide de mon propos. que il faut créer des espaces calmes, n'empêche pas que les espaces non calmes doivent être maîtrisés également.
Justine MONNEREAU: Oui, totalement. On insiste bien là-dessus, ça ne va pas dédouaner personne. ce qui est intéressant, c'est que ce des lieux qui peuvent avoir lieu dans le public comme dans le privé. Par exemple, la métropole du Grand Lyon a sanctuarisé, a obtenu le label pour des clairières au sein de ces parcs. Ce n'est pas un parc public qui va être... labelliser mais ça va être un endroit où les gens vont pouvoir trouver du calme. Donc il n'y aura pas de jeu de ballon, il y aura du mobilier urbain qui va faire des petites bulles au milieu des arbres, où on ne pas tondre la plouze, mais il faut quand même que la personne qui souhaite labelliser l'espace mène des actions en cette faveur-là. Sinon c'est trop facile de labelliser son jardin quand il est naturel. Et ça peut être par exemple les heures calmes au supermarché. a plus en plus de supermarchés qui prévoient des heures calmes pour les personnes un peu sensibles. Et coup, ça, pourrait être labellisé totalement.
Julien: et on retrouve tout ça sur un site spécifique pour le label Quiet.
Justine MONNEREAU: Sur le bruit.fr, y a une page label Quiet, on peut aussi dire qui est pour ceux qui n'aiment pas les antéglissismes parce que qui c'est un mot français, c'est la quiétude.
Julien: www.solbruit.fr C'est le vrai mot. C'est la quiétude. effet, le label qui est ou label quiet, comme vous voulez, qu'on retrouve sur bruit.fr, qui est le meilleur moyen de contacter le CIDB.
Justine MONNEREAU: et dessus ou alors sur démarche simplifiée, a directement le dossier. Si on veut déposer un dossier et obtenir le label, c'est 15 minutes de remplissage d'un dossier en ligne. ne vous demande pas grand-chose puisqu'en plus après, à l'étude, si on se rend compte qu'il manque des choses, on revient vers la personne. C'est simple et c'est fait exprès pour que ça ne pas peur aux gens. Et on labellise de plus en plus de lieux et c'est assez rigolo parce qu'il y a plein de lieux qui peuvent s'y prêter. On a labellisé récemment une plage, a labellisé un open space, il y a plein de possibilités donc il pas hésiter, c'est très créatif pour le début.
Julien: Why not ? Toutes les informations de ces appels, de ces demandes, des 1000 à 2000 demandes que vous recevez chaque année, est-ce que de façon anonymisée, ces informations seraient accessibles en open data pour que des startups, des entreprises qui veulent innover puissent avoir de l'information ? Parce que c'est quelque chose qui déjà envisagé.
Justine MONNEREAU: Non parce que en fait, c'est très lié à la santé. Donc tout ça vraiment, nous, on ne pas fournir pour l'instant ces bases de données puisque les gens nous font part de problèmes de santé importants parfois. Ils sont souvent en grande détresse psychologique. C'est très difficile de subir des nuisances sonores pour la plupart. non, pour l'instant, nous, notre utilité publique fait qu'on écoute, mais on ne fournit pas...
Julien: Mmh.
Justine MONNEREAU: ces statistiques-mêmes. Après, nous, a vraiment une vision d'ensemble et nous, peut la donner. Ça serait une bonne idée de faire état de ce que les Français subissent au quotidien en ce moment. C'est des données qu'on peut fournir de manière totalement statistique et anonyme au ministère parce qu'en fait, nous, on fait des remontées de terrain. Et après, ça peut aider peut-être à proposer des lois, à changer la réglementation, tout ça. Mais pour le privé, aujourd'hui, on garde ça au chaud.
Julien: Vous gardez ça au show. En tout cas, vous avez les données et l'information. Je pense qu'il va falloir améliorer aussi les collaborations publiques, privées. Si on veut réussir à faire avancer les choses, y a énormément de choses à faire.
Justine MONNEREAU: Oui. ce qu'on fait par contre, c'est que comme du coup on analyse ce qui se passe sur le terrain, nous ensuite, ce qu'on propose aux professionnels, c'est adapter à ce qu'il sur le terrain. Par exemple, si on propose un coloc, le sujet, on ne pas choisir au hasard, on va choisir en fonction des besoins des particuliers et des professionnels. S'il a un gros besoin sur les pompes à chaleur, parce que c'est un vrai fléau le bruit des pompes à chaleur, on va faire un webinaire sur les pompes à chaleur. s'il a un besoin sur les jeunes et le bruit comme on l'a dit tout à l'heure, du coup, on va faire un coloc comme on le fait en fin d'année sur les jeunes et le bruit. Et c'est pour ça qu'on a des partenaires et qu'on les consulte en permanence. Donc on peut aussi être partenaire du CIDB, il pas hésiter à nous contacter, ça permet d'avoir ce retour terrain.
Julien: Canon. Canon. Je pense que c'est une belle conclusion. Justine, merci beaucoup du temps que tu m'as accordé aujourd'hui sur le podcast Fighting Noise. Quelle est la meilleure façon de te contacter ? disais bruit.fr ou les démarches simplifiées. Est-ce qu'il a un intérêt à te contacter toi directement ? Pas forcément pour les riverains, mais pour les entreprises ou pour les partenariats. Qu'est-ce que l'on peut faire pour toi finalement ? Est-ce que quelqu'un dans l'audience qui écoute ce podcast pourrait faire pour toi
Justine MONNEREAU: ... Toutes personnes peuvent me contacter évidemment, mais le plus simple c'est quand même de contacter le CIDB. On est polyvalent, on est tous experts et puis après ça permet d'une meilleure gestion de la demande. Après moi je suis spécialisée dans le juridique. Faut pas hésiter, si vous avez un dossier un peu compliqué et une question un peu complexe, moi ça m'amuse d'y répondre. non, c'est un peu... Enfin voilà. N'hésitez pas à contacter le CIDB toutes questions de manière générale. Et moi, comme je suis à la communication, je suis avide de tout sujet, novateur, de quelqu'un, une start-up qui a un projet, qui a même une solution. N'hésitez pas à m'envoyer, communiquer de presse, dossier, parce que moi, après, je retransmets à travers nos différents médias. Je parle de bruit.fr, nos revues, on a deux magazines, on a les réseaux sociaux sur lesquels on est très actifs.
Julien: Mmh.
Justine MONNEREAU: Et moi je mets en avant ces solutions-là. Par exemple, la société Quiet, qui a créé une vaisselle silencieuse pour les cantines et les salles de restauration, je les ai trouvées et ensuite ils ont gagné les décibels d'or et ils ont re-eut des pages dans nos revues. Donc il vraiment pas hésiter à m'envoyer toutes les communications, j'en cherche tous les jours.
Julien: On échangera hors antenne. J'ai listé une quarantaine de sociétés qui ont des solutions et je pense qu'il y a plein de choses à faire. J'ai tendance à poser la question pour finir de ce que tu peux faire aussi pour nos éditeurs et auditrices et je pense que c'était quasiment le thème de tout l'épisode. Donc merci beaucoup de ton engagement et de l'engagement du CIDB pour la France et tous ses habitants. C'est canon et je pense que ce n'est pas notre dernière discussion, il y aura plein de choses à faire. On va en faire une partie hors antenne pour laisser nos auditeurs et auditrices digérer toutes ces informations. Parlez du bruit autour de vous, des conséquences du bruit autour de vous, c'est super important. Contactez et regardez en tout cas toute l'information et la documentation qui est hyper précieuse du CIDB sur bruit.fr. Et voilà, je pense qu'on est au début d'un grand changement, c'est ma motivation, donc je suis ravi d'avoir cette dynamique. Mais encore une fois, un grand merci, je te laisse le mot de la fin. Comment tu veux conclure cette interview ?
Justine MONNEREAU: Merci pour l'accueil déjà sur ce podcast et puis ravi qu'il plus en plus d'initiatives dans ce genre là et de médias qui s'y intéressent donc bravo.
Julien: Merci Justine.
Justine MONNEREAU: Merci
nonoise AI: Fighting Noise, un non-noise podcast.
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